L'histoire de l'institution
L’Espace des inventions est né d’une idée de deux professeurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne: Gérald Zambelli et Bernard Vittoz. Dans les années 1990, ils avaient la préoccupation et l’envie de transmettre aux jeunes générations le goût des sciences et des sciences techniques en créant un lieu dédié au jeune public qui offrirait des opportunités de découverte par l’expérimentation et le jeu.
C’est en vue de concrétiser ce projet que la Fondation de l’Espace des inventions a été créée en 1998 par cinq membres fondateurs: l’EPFL, la Ville de Lausanne, l’État de Vaud, l’Université de Lausanne et le Centre vaudois d’aide à la Jeunesse-CVAJ.
Installé dans le complexe de la Vallée de la Jeunesse, à l’étage du bâtiment de la Rotonde, l’Espace des inventions est inauguré le 1er décembre 2000 avec une toute première exposition traitant de la lumière. Il partage alors le site avec deux autres institutions: le Centre vaudois d’aide à la Jeunesse-CVAJ qui gère la Maison de l’enfance et les activités vacances et éveil culturel du rez de la Rotonde et la Police lausannoise dont la brigade de prévention routière utilise le jardin de circulation avec les enfants et les jeunes.
Entre 2000 et 2016, l’Espace des inventions conçoit, réalise et présente dix expositions à caractère interactif sur des thèmes scientifiques et techniques variés. L’institution met également sur pied des activités diverses pour les enfants et les familles (ateliers du Club des petits inventeurs, conférences familiales Pain, Science et Chocolat, concours…) et participe à des évènements culturels tels que la Nuit des musées de Lausanne et Pully ou la Nuit de la Science à Genève.
En 2017, sur proposition de la Ville de Lausanne, l’Espace des inventions reprend les activités du rez de la Rotonde menées jusqu’alors par le CVAJ: une offre d’accueil vacances pour les enfants de Lausanne (centres aérés) ainsi qu’une programmation d’expositions d’éveil culturel. Depuis lors, l’institution propose au public une alternance d’expositions d’éveil scientifique, technique et artistique.
En 2020, l’Espace des inventions fête ses 20 ans d’activité en pleine pandémie de COVID-19 et se voit malheureusement contraint d’annuler toutes les festivités prévues pour cet anniversaire. À n’en pas douter, le 25e anniversaire permettra de rattraper ces occasions manquées!
L'histoire du lieu et des bâtiments
La Vallée de la Jeunesse n’a pas toujours présenté son aspect actuel et s’est longtemps appelée vallée du Flon du nom de la rivière qui y coule. Le terrain était alors très encaissé et peu fréquenté. Au 19e siècle, cette vallée était une grande décharge à ciel ouvert et c’est au début du 20e siècle que la Ville de Lausanne décide d’assainir l’endroit et d’enterrer le Flon. C’est ainsi qu’un tunnel souterrain formé d’une voûte en béton a été construit entre 1922 et 1964.
La vallée du Flon a subi une nouvelle transformation en vue de l’Expo ’64 (l’exposition nationale de 1964). À cette occasion, destinée à accueillir le jardin d’enfants de l’Expo, la vallée a été rebaptisée Vallée de la Jeunesse. C’est également à l’occasion de cette exposition que fût construit l’autoroute reliant Lausanne à Genève et le giratoire de la Maladière situé juste au sud de la Vallée de la Jeunesse.
Ce jardin d’enfants est constitué d’un ensemble des bâtiments réalisé par l’architecte vaudois Michel Magnin en collaboration avec les ingénieurs du bureau Conrad Zschokke. Ce complexe en béton armé avait alors notamment pour objectif de montrer au grand public la grande diversité de formes et d’espaces pouvant être envisagée grâce à ce matériau révolutionnaire. Les formes étranges de ces bâtiments avaient également pour ambition de nourrir l’imaginaire des petits et de stimuler leur créativité.
Trois bâtiments principaux constituent le site: le Petit théâtre, la maison de l’enfance et la Rotonde (aussi appelé «le cratère» en lien avec la ressemblance de son toit avec un cratère de volcan). En 1964, on trouvait également dans le jardin différents éléments de jeu pour les enfants qui y étaient accueillis: le jardin de circulation (encore en fonction aujourd’hui), un village indien et une soucoupe volante.
Le jardin d’enfants Nestlé (la Société Nestlé avait participé à son financement) accueillait les enfants dont les parents visitaient les autres pavillons de l’exposition. À leur arrivée, les enfants recevaient des salopettes de différentes couleurs ainsi que des bottes en caoutchouc s’il pleuvait. L’endroit était très fréquenté: en une journée, il y avait entre 600 et jusqu’à 1700 enfants! La garde d’un enfant coûtait seulement 3,5 francs la demi-journée ou 5 francs la journée, y compris le repas chaud qui était servi à midi.
Pour le repas, les enfants se retrouvaient au rez de la Rotonde qui servait principalement de réfectoire. Il y avait de longues tables pour que 300 enfants puissent y manger à la fois. Les parents ne pouvaient pas descendre dans cet espace réservé aux enfants et devaient rester à l’étage, derrière la balustrade. Les enfants, quant à eux, étaient libres de se déplacer à tout moment dans les différents espaces ou sortir jouer dans le jardin.
Un article de la Gazette de Lausanne paru en mai 1964 disait:
«Vu la très grande haute qualité de ces différents architectures, vu leur originalité et leur ampleur, il faut ardemment souhaiter qu’elles subsistent après la clôture de l’Exposition nationale. Un jardin d’enfant est une œuvre des plus utiles. Un jardin d’enfant de la qualité et de l’ingéniosité de celui de l’Exposition nationale ne se rencontre pas tous les jours. Il est exceptionnel. Il doit être permanent. Demandez aux enfants ce qu’ils en pensent!»
Ces mots d’André Küenzi ont bien été entendus, puisque les bâtiments sont toujours là plus de 50 ans après l’Expo ’64!
À l’issue de l’Expo, décision fût ainsi prise de conserver les bâtiments et d’y ajouter des vitrages afin de pouvoir les utiliser toute l’année. La Rotonde a alors été utilisée comme salle de sociétés pour y organiser des fêtes et des évènements. La maison de l’enfance était alors une garderie. Plusieurs années plus tard, le site fut ensuite évacué car l’état des bétons ne garantissait plus la sécurité des usagers. Après plusieurs années d’abandon et de squat, le site a été entièrement restauré en 1998-2000 par la Ville de Lausanne pour y accueillir les usagers actuels dont l’Espace des inventions.